La Brodeuse d’Ecorce d’Arbre
Je viens de passer deux merveilleuses semaines à Nice et me voici revenue à Kuching juste à temps pour la réunion du mercredi au Café du Musée. Je n’ai manque que deux sessions et je retrouve notre groupe bien agrandi ; certainement une chance pour nous toutes de lier de nouvelles amitiés.
C’est ce que j’aime dans notre Brigade des Tricoteuses ; en groupe, nous sommes productives dans le but d’apporter un peu de joie et de couleurs à des enfants malades ; nous créons des liens d’amitiés internationaux et chacune des participantes réussit à contribuer en talent et en récits.
Cette fois ci, Lucy est venue nous rejoindre et j’étais absolument ravie de pouvoir la présenter aux autres tout en essayant de faire un résumé succin des dons de Lucy et de ces activités – dure besogne ! Je me souviens avoir visité avec elle le Bio Diversity Centre où elle avait réussi à identifier quasiment chaque plante tout en nous précisant leurs propriétés et leurs usages. La connaissance des plantes et ses expériences à partir de teintures naturelles ont donc amenées Lucy à utiliser celles-ci sur de l’écorce d’arbre (écorce de Takalong).
Lucy Ang Abey possède le talent extraordinaire de la broderie créative qu’elle exprime sur l’écorce de Takalong. Il m’arrive souvent de la surnommer « la fée des arbres de Bornéo » mais je serais à peine surprise d’apprendre que ses doigts sont vraiment magiques! Je vous invite à découvrir son art délicat en quelques images ; j’ai aussi ajouté un article que j’avais écrit pour le magazine de Patchwork France.
L’arbre de vie de Borneo, d’apres un motif traditionnel Dayak
Mon article:
Lucy Ang Abey
Il fallait de l’audace pour transformer des morceaux d’écorce en véritables œuvres d’art. Pari tenu par Lucy Ang Abey qui réalise des tableaux brodés à faire rêver.
Lucy est née à Manille de parents chinois partis chercher la paix qui n’existait plus dans leur pays. La maman de Lucy, qui portait de toutes petites pantoufles brodées par-dessus des bandelettes blanches qui lui emmaillotaient les pieds, a personnellement enseigné à sa fille les travaux d’aiguilles selon la tradition chinoise. A huit ans, Lucy avait déjà tout appris de la broderie : l’école, qui en faisait alors un sujet majeur pour les filles, n’avait plus rien à lui apprendre dans ce domaine. En 1973, Lucy épouse Kenneth qui la ramène chez lui, à Kuching, la capitale du Sarawak où elle sera vite adoptée par le groupe ethnique de son mari et c’est parmi les Bidayuhs qu’elle découvrira l’usage de l’écorce de takalong dont les femmes se servent pour faire des vestes d’apparat pour leurs ex-guerriers de maris. Un panneau devant servir à la réalisation d’une veste, qui se fait en un seul morceau, doit mesurer 1,80m de longueur.
En 1999, l’Atelier Sarawak, une association ayant pour mission de promouvoir l’artisanat de pays, propose a Lucy de créer un ouvrage brode sur un support naturel. Il sera expose a l’UNESCO Prize Award à Hyderabad en Inde, Une passion était née : la broderie sur écorce de takalong. Pour réaliser ses œuvres, Lucy utilise des figures géométriques qu’elle embellit selon son inspiration en suivant le dessin placé au verso de l’ouvrage. La broderie sur écorce réserve souvent des surprises désagréables : les fils et les couleurs envisagés ne tiennent pas toujours leurs promesses et tout est à refaire ! Encouragée par Lucy, je me suis donc lancée dans un redwork sur écorce de takalong, mais contrairement à mon amie, j’ai apposé le motif dessiné sur une feuille de papier soie sur le recto de mon ouvrage. Le motif d’inspiration chinoise convenait parfaitement à ce casse-tête ! Mais tandis que Lucy blanchit le takalong à la javel puis le colore souvent à partir de teintures végétales, je préfère, quant à moi conserver le charme naturel et rustique de l’écorce.
L’expérience du redwork avait allumé une étincelle dans ma tète qui ne m’a plus quittée. Désormais persuadée de la versatilité du takalong, j’ai voulu l’utiliser de façon pratique chez moi. L’occasion s’est présentée alors que je recherchais des idées de coussins originaux pour ma terrasse ; je me suis souvenue d’un cours de patchwork de mon amie Claude Mougey ; du takalong et un sarong, et je n’ai plus su m’arrêter ! La housse de coussin a grandi et mon premier mural en patchwork takalong-batik était né.
Mon premier quilt realise en Takalong Batik
Un autre quilt Takalong Batik plus recent